La poétesse et l'épigramme : les voix féminines d’Anyté et de Nossis

Christophe Cusset

Résumé


Il peut paraître quelque peu étrange de commencer cette journée scientifique consacrée à l’épigramme par une communication portant sur deux poétesses de l’époque hellénistique. En effet, l’épigramme, comme bien des formes littéraires dans l’Antiquité, s’inscrit au IIIe siècle dans une histoire essentiellement, sinon exclusivement, masculine, depuis Simonide de Céos qui passe pour le premier auteur d’épigrammes attesté par la tradition ou depuis l’épigramme signée par Ion de Chios à Delphes. Pourtant, lors du formidable essor que connaît cette forme brève au cours de la période hellénistique et qui s’exprime non seulement dans la multiplica- tion des pièces produites et dans leur mode de diffusion livresque sous forme de recueils ou de collections, d’anthologies selon un principe initié par Hédylos de Samos, mais aussi dans une grande variété formelle, dialectale, métrique et thématique, le rôle des poétesses ne doit pas être négligé : leur voix féminine participe au contraire pleinement de cet élan de renouvellement qui parcourt l’écriture épigrammatique. Laissant de côté Érinna qui est à la marge temporelle de l’époque hellénistique ainsi que Moïro dont la production n’est que faiblement documentée, nous nous concentrerons ici sur les deux figures d’Anyté et de Nossis, sans pouvoir cependant prétendre dans le cadre de cette communication à une présentation exhaus- tive des épigrammes que nous possédons sous leur nom. Ce qui orientera notre propos sera plus précisément la manière dont la voix féminine s’impose à la tradition masculine de l’épigramme chez

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